Le malaise des radiologues
Les radiologues sont les médecins spécialistes les mieux payés. Pour cette raison la Sécurité Sociale à décidé de diminuer le tarif de leurs consultations. Récit d'un radiologue dans les Yvelines.
1 million d'euros. C'est le montant que doit débourser un radiologue qui veut ouvrir son cabinet. Monter son cabinet seul était une pratique courante il y a une quinzaine d'année, aujourd'hui ce rêve est beaucoup plus dur. « Les rares radiologues qui veulent s'installer seuls sont découragés par une concurrence très rude. De plus, en ce moment, les banques prêtent de moins en moins », commente le docteur Frédéric Elghozi, radiologue dans un cabinet dans les Yvelines.
« Si un radiologue vient me voir pour s'installer, à moins qu'il ait un apport personnel important, je n'accepterai pas le prêt. Cela représente un risque trop importante, surtout en ces temps de crise », confirme Nicolas, conseiller clientèle dans une banque.
S'installer à plusieurs dans un même cabinet représente bien des avantages. « La spécialité de radiologue étant très vaste, un cabinet permet un accès à différents diagnostics. Le patient n'a pas à aller dans plusieurs endroits. Les appareils sont aussi plus utilisés, ce qui permet de les rentabiliser plus vite. » explique le radiologue Frédéric Elghozi.
Le patient peut faire différents types d'examens dans un même cabinet et avoir le diagnostic de ses radios quelques minutes plus tard. Plus besoin d'aller de cabinet en cabinet selon que le malade doit passer une échographie, un scanner, une radio du dos ou autre.
Les autres médecins n'ont pas une bonne image de ces spécialistes. Un médecin généraliste à Versailles confirme « il y a une certaine jalousie vis à vis des radiologues. Cela est du en partie au fait que leurs salaires sont très élevés. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes complémentaires. » Ce qui conforte la Sécurité Sociale dans sa décision de diminuer le tarif des prestations des radiologues.
La Sécurité Sociale et les radiologues ont des relations assez particulières. Avant la généralisation des radios, les médecins étaient obligés d'opérer pour faire un diagnostic. Alors que ces derniers ont fait diminuer les coûts de la « Sécu ». Celle-ci continue pourtant à s'acharner sur les radiologues. « La mesure sur la diminution des tarifs vise les spécialistes qui ont le plus de revenu, c'est à dire les biologistes, les cardiologues et les radiologues. Mais à force de baisser les tarifs de nos actes, nous allons passer moins de temps avec les patients. Il faudra alors compenser par une augmentation du volume d'activité. Il y aura moins de personnel para-médical ou bien le matériel ne sera pas renouvelé. Certes nous sommes une des spécialités qui gagnent le mieux notre vie, mais nous avons beaucoup d'investissement à faire» se défend ce radiologue de 58 ans.
Passer moins de temps avec le patient peut entrainer un mauvais diagnostic. Comme ça a été le cas avec l'affaire Perruche. Depuis, beaucoup de radiologues ne pratique plus les mamographies ou bien les échographies. L'affaire tient son nom de Nicolas Perruche, né gravement handicapé. Sa mère avait contracté une rubéole non diagnostiquée et n'a pas pu recourir à une interruption volontaire de grossesse.
Tiffany Henault